Voilà un sujet qui taraude les chroniqueurs, internautes et ménagères de moins de 50 ans depuis que le Covid 19 a paralysé les 3/4 de la planète et terrassé l’économie mondiale : comment préparer « le monde d’après » ? Coup de bol, certains avaient déjà réfléchi à la question et anticipé ce cassage de gueule mondial. Petit tour d’horizon des intellos à tendance collapso proposant quelques pistes pour nous sortir de ce merdier.
Pablo Servigne
Avec son petit pote belge Raphaël Stevens, Pablo n’arrête plus de faire des émules depuis la publication en 2015 de son bouquin Comment tout peut s’effondrer. En popularisant la notion de collapsologie, il ne nous promet ni plus ni moins que la fin imminente de la “civilisation thermo-industrielle”. Souvent accusé de prophète de malheur et pointé du doigt pour son pessimisme voire pour sa démarche scientifique approximative, cet ingénieur agronome de formation a pourtant compilé un ensemble impressionnant de données qui convergent toutes vers le même constat : notre monde va se casser la gueule brutalement, et c’est pour bientôt. Ou plutôt c’est maintenant.
Solution envisagée : mobiliser l’imaginaire pour créer un autre récit que celui d’une croissance infinie dans un monde fini.
Agnès Sinaï
Journaliste, proche de Yves Cochet et de Pablo Servigne, pourfendeuse du greenwashing, Agnès est aussi bien calée en permaculture. Elle réfléchit à la résilience, notamment alimentaire.
Solutions envisagées : des ceintures vertes partout à la périphérie des villes pour une production locale et durable. Retour à la traction animale.
Bruno Latour
Cœur sur la main pour notre Bruno régional (né à Beaune) souvent décrit comme « le plus célèbre et le plus incompris des philosophes français » dans le monde anglophone. Dans son dernier bouquin Où atterrir, comment s’orienter en politique, le gars Bruno déglingue la notion de modernité qui serait selon lui responsable de notre aveuglement face au changement climatique.
Solution envisagée : atterrir quelque part en redonnant du sens à la politique “en passant de l’affirmation stridente des identités et des valeurs à la description du monde matériel auquel nous pensons quand nous exprimons nos opinions ou nos valeurs”. T’as rien compris ? Alors écoute Bruno, en fait, c’est fastoche.
Jean-Marc Jancovici
Attention, bulldozer. Janco est tellement balèze qu’il semble que tu ne puisses lui opposer aucun argument. Il parle, tu écoutes. Tous les journalistes qui ont essayé de le mettre en boite se sont fait botter le cul. Le truc de Jean-Marc, c’est l’énergie. Comme on en consomme comme des porcs et qu’il va y en avoir de moins en moins, on est dans la merde.
Solution envisagée : se mettre au régime. De gré ou de force.
Philippe Bihouix
Après avoir fait des études de Kador en ingénierie et bossé pour Bouygues, Philippe a tout envoyé chier quand il a lui aussi compris qu’on était dans un train lancé à pleine vitesse dans un mur. Ce qui obsède Bihouix, c’est l’épuisement des minerais en tout genre dont nos sociétés sont devenues boulimiques.
Solutions envisagées : se tourner vers les “low-tech”, fabriquer des objets plus robustes (en finir avec l’obsolescence programmée), réparables, constitués de matériaux simples, faciles à démanteler et recyclables.
Isabelle Attard
Cette ancienne députée écologiste a aussi envoyé chier tout le monde en devenant… anarchiste. Devant le constat navrant de l’inefficacité parlementaire, il va falloir se démerder sans les élites pour gérer le bordel à venir.
Solutions envisagées : s’organiser au niveau local.
Arthur Keller
Encore un collapso biberonné au rapport Meadows, ce papelard commandé par le club de Rome en 1970 au MIT qui semble avoir prévu ce qui nous arrive avec une précision assez dingue. Dès cette époque, le rapport Meadows souligne la nécessité de mettre fin à la croissance afin de préserver le système mondial d’un effondrement et de stabiliser à la fois l’activité économique et la croissance démographique. Plus la prise de décision sera tardive, plus elle deviendra difficile à mettre en place.
Spécialiste de l’étude des systèmes complexes, Keller ne dit pas autre chose : notre empreinte écologique n’est pas compatible avec la biocapacité. On va vers un cassage de gueule.
Solution envisagée : comme Servigne, créer une résilience en mobilisant les récits et l’imaginaire comme outil de transformation de nos comportements.
- Augustin Traquenard