Le jogger (ou runner), c’est devenu l’ennemi numéro 1 de ceux qui se confinent strictement.
C’est celui qu’on dénonce sur les réseau sociaux. Comme à la belle époque… En ce moment il y en a partout. C’est un des seuls moyens de sortir et de se défouler un peu, alors ils s’en donnent à cœur joie. Comme c’est le seul sport qui reste, tous les sportifs le font. Simple. Et aussi les non sportifs… Ce qui est un autre problème. Mais ce qui est un problème avec le jogger, c’est comme avec l’Auvergnat. Quand il y en a un ça va, c’est quand il y en a des troupeaux que ça commence à être moins gérable. Petite typologie non exhaustive de ceux que tu vois en short de ta fenêtre en ce moment.
Le trailer dans la vraie vie.
Lui, ça fait 17 ans qu’il court tous les jours. Tous les matins il se lève, mange des fruits, et file faire ses 20 km quotidiens. Sa vie est réglée comme ça. Il est addict. Il a arrêté les soirées et l’alcool pour ça. Il a arrêté tout ce qui fait plaisir pour ça… Alors, ceux qui découvrent la course à pied pendant le confinement, il leur crache à la gueule. Et il leur montre bien, en les croisant, qu’il peut accélérer et les lâcher sans problème. Alors baisse les yeux ! Runnix ! Équipé en technique de la tête au pied, avant il avait son petit tracé tranquille qui sillonnait dans les bois, maintenant il fait 20 fois le tour du pâté de maison. Il devient claustrophobe dans son propre quartier. Il va se faire un neo runner avant la fin du confinement.
Le footeux.
Plus moyen d’aller sur les terrains avec les potes, alors il fait un sport de fils unique, le running, que lui, il appelle encore « jogging ». Au départ il se moquait des runners, mais là, bien obligé de se bouger en constatant qu’en 8 jours, c’est pas moins de 6 kg pris dans la paillasse. Le foot a ça d’utile qu’il élimine un peu ce que tu te mets dans le cornet. Lui, tu le remarques facilement, il a des gros mollets et il ne décolle presque pas le pied du sol en courant. Il ne s’était pas rendu compte que pendant un match de foot, en fait, il passait plus de temps à marcher et à se replacer qu’à courir. Maintenant il le sait. Le jogging, c’est impitoyable, c’est d’une traite. Au foot au moins tu fais des efforts de 20 mètres et tu t’arrêtes. Une plaie. Lui, tu ne le verras pas au bout du confinement. Normalement il arrête à la 3ème semaine, maxi.
Le non sportif qui vient d’avoir une révélation.
Pas de sport depuis 20 ans mais une vie saine quand même. À s’en vouloir de ses excès. Il est en ce moment en plein trip vegano-thai-chi. C’était le moment ideéal pour lui. Pour se dégourdir un peu les jambes en confinement, il découvre le running. Génial, ça le purifie à mort. Alors il court presque tous les jours mais il en chie à mort, parce qu’il ne savait pas ce qu’était le sport. Au bout de 3 min, il est violet, souffle comme un marcassin, et se déplace physiquement comme un enfant de 3 ans découvrant ses membres. Normal, la course ça s’apprend. Mais comme dans tout ce qu’il fait, il va le faire à fond, et au bout de 6 semaines au top, il va être addict, et te balancer ses trajets sur des applications Facebook. Il va naturellement devenir ton copain le plus chiant. Perdu le mec…
Le runner indoor aigri.
Lui, il a tellement peur de sortir qu’il désinfecte les emballages de ce que le livreur Uber lui apporte. Il vit dans un quartier où il n’y a personne dans la rue mais comme on lui a dit de rester chez lui, il reste chez lui 100% du temps. Vu qu’on lui a dit ! Et il déteste tous ceux qui sortent, même si c’est pour faire des courses 5 minutes. Il a envie d’appeler les flics comme quand son père a dénoncé les Rosenblum qui vivaient dans le grenier de madame Dupuis, bref. Il a peur, mais plus que les autres… Ça doit venir du fait qu’en ce moment, il a le temps de lire TOUT Facebook. Donc il est en pleine parano aiguë. De « diminuer drastiquement vos contact sociaux car ça peut être dangereux », il est passé à « tu touches un truc dehors tu meurs ». Donc il court sur un tapis roulant dans son appart, ou pire, il fait le tour de chez lui : salon-cuisine-entrée-chambre des gosses. 20 mètres en tout. À faire 100 fois minimum. À ne pas confondre avec le runner indoor heureux, qui découvre les escaliers et les Yamakasi.
Le faux runner.
Le malin. Il enfile un short et des New Balance et c’est parti ! Lui, il n’a pas très envie de courir. Mais sur son attestation, y’a pas de case pour « esquiver un peu les gosses » ou « aller chercher du shit ». Donc s’il veut s’accorder un moment dehors, faut qu’il fasse illusion. Tu le reconnais facilement car il ne court pas. Il ne sue pas, il ne souffle pas. Et quand il se sent obligé de courir parce qu’on le regarde trop, il arrête très vite. C’est ce mec-là qui fait en sorte que tous les joggers se fassent détester par le runner indoor.
- Chablis Winston