Festival de Caves, c’est une tournée de spectacles dans toute la BFC et ailleurs, avec pléthore de dates un peu partout. Le concept est un peu louche en soi puisqu’on te donne un rendez-vous secret pour suivre une pièce dans une cave. Ce qu’on y a vu était d’ailleurs pas mal allumé.
Faut pas exagérer quand même, ça se passe pas non plus dans une cave HLM de la Fontaine d’Ouche. Le Festival de Caves est l’occasion de profiter de belles caves voûtées en pierre comme le centre-ville de Dijon en regorge, même si la plupart sont aujourd’hui infestées de rats et de cadavres de 8-6. Pour la représentation où on s’est pointé, Les poissons partirent combattre les hommes, le lieu de rendez-vous était place Saint-Michel trente minutes avant l’heure du spectacle comme l’indiquait un texto reçu la veille. Les gens se pointent à la cool, donnent leur nom et paient. Quand tout le monde est là, soit une vingtaine de personnes, direction un troquet de la rue Jeannin.
« Ne soyez pas inquiet à cause du noir, M. la pute »
Le spectacle en lui-même n’est pas forcément divertissant, c’est avant tout très mental. Forcément puisque le thème est la galère sans nom que vivent les migrants qui fuient les côtes africaines pour rejoindre l’Espagne, la majorité finissant noyée. La belle performance de Benjamin Mba, grimé avec une longue robe de soirée rouge, de longs gants blancs et le visage recouvert de peinture blanche, est tout de même là pour te tenir éveillé. S’adressant à « Monsieur la pute », alternativement aux spectateurs et à un drapeau de l’Europe fixé au mur devant un micro, son discours obscurantiste et absurde au sujet des migrants africains et des Noirs en général contraste avec la voix off de Céline Morvan, qui balance des statistiques sur le nombre de fuyant morts en Méditerranée et qui s’échouent sur les plages espagnoles.
Le sujet est incisif et la mise en scène de Julien Barbazin cherche à mettre mal à l’aise. Ça marche plutôt bien, même si le jeu d’acteur se prête un peu au rire tellement le personnage est ridicule et caricaturé. La représentation dure finalement trois quarts d’heure environ, bien assez pour saisir le propos et pas trop pour lasser l’audience. Et Benjamin Mba tombe le masque à la fin, arrache ses fringues et essuie son maquillage : il est black, putain ! Les applaudissements sont chaleureux, le spectacle a plu à son public d’initiés.
Festival de Caves continue dans la région, de Besançon à Audincourt et Dole, jusq’au lundi 20 juin.
– Loïc Baruteu
Photos : Festival de Caves, DR