Ça fait du bien de quitter sa belle BFC de temps en temps. Le week-end dernier, le festivalier français avait du choix : Weather, We Love Green à la capitale, ou le festival This is not a love song dans le Gard. #Tinals pour les intimes, à Nîmes, son centre-ville en travaux, sa chaleur orageuse, ses arènes et ses devantures de kebab. On a choisi le sud.
On pensait que tout allait bien et puis comme ça, sans crier Gard, on se prend une petite claque qu’on appelle communément le festiblues. Vous savez, cette lassitude post-festival qui rend la vie insipide et qui te rappelle que l’eau, ça désaltère, mais ça n’a franchement aucun goût, comparé à la bière. Retour sur un week-end à Nîmes, au royaume indie pop-rock.
Indice transpi
On a beaucoup sué pour arriver à Nîmes, charmante petite bourgade de Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, code postal 30000, connue pour ses arènes, son soleil et ses animaux totem (croco, flamant rose, taureau). Mais le périple périlleux en valait le détour. On en place donc une pour la grève nationale sans quoi le fun n’aurait pas été aussi exacerbé.
Sur place, le site a tout fait oublier : cadre charmant, plage de fatboys, foodtrucks variés, plein d’ateliers DIY, une déco signée les concepteurs lumière TILT (qu’on peut aussi retrouver à Dijon lors du concert de rentrée, ou au Cabaret Vert de Charleville-Mézières). Sur place, on se déplace sans souci d’une extrémité à l’autre sans se fatiguer, au milieu des 15.000 amoureux de musique venus sur les 3 jours. Bref, on est dans un chouette événement à taille humaine, comme on aime dire chez les communicants.
Côté festivaliers, Tinals a fait son effet : en couple, en famille, entre potes, ou en solo, l’ambiance est douce. Une prog’ pointarde dans l’ensemble, orientée rock et pop. Avec du beau linge (Dinosaur Jr, Tortoise, Battles, Unsane, Protomartyr, Robert Forster), des petites fraîcheurs pleine de talent (Declan McKenna, The OBGM’s, Porches, Girl Band), et des reusta limite mainstream (Foals, Air, Breakbot, Ty Segall & The Muggers) : de 7 à 77 ans, l’éclectisme était total, et pas que musical.
Ce qu’on a aimé au final
Les bières à un tarif abordable. On n’est pas à We Love Green mon grand. Ces flamands roses, partout, ou le pouvoir exotique de la Camargue. Il mariait les gens, il cherchait l’amour, et il a réussi à pécho : big up à ce faux Elvis, qui bosse aux studios de répèt’ de Paloma dans la vie, et qui ambiançait les festivaliers ici ou là. L’atelier complètement lol de décoration de bobs. Oui, ce chapeau qui fait de vous un fashion blogger, ou un pecno. Le retour sur scène de Air : un live subtile, propre, exquis et qui faisait presque oublier que les deux acolytes ne sont plus aussi copains qu’avant. La mèche au vent de Yannis Philippakis, le chanteur/leader des Foals qui ont assuré un show d’une perfection millimétrée. Les Cavern of AntiMatters qui ont rendu le public tout fou. La transe. Puissant. Le concert de Beach House pour clôturer le week-end, pépou sur les transat’, sous les oliviers. La Maison Carrée, les jardins de la Fontaine, les arènes, les 20° à l’ombre. Qu’on se le dise : Nîmes est une belle ville.
Bon… et ce qu’on n’a pas trop aimé
Le festival se déroulant dans Paloma (une grande salle, un club) et à l’extérieur (deux scènes), on a parfois du mal à faire tenir 3000 personnes dans la SMAC. Du coup, les concerts qui se jouaient dans les salles étaient assez vite complets et inaccessibles. Dommage. Sans parler du fait qu’on a moins envie d’aller s’enfermer lorsqu’il fait 28 degrés. Qui dit festival, dit concerts qui se chevauchent. Exemple : Bon Voyage Organisation qui jouait en même temps que Air, on les aurait bien revus. Le compte Instagram du festival. On veut bien s’en charger l’année prochaine. Les couronnes de fleurs : cette mode finira quand ? Ne pas savoir s’il y aura un camping un jour. Le festival étant situé dans l’aérodrome, et en site inondable, c’est compliqué d’un point de vue sécurité. Et on comprend, au vu de l’actualité. L’absence de hip-hop dans la programmation. « Il devait y en avoir, des mecs comme Vince Staples, mais ça ne s’est finalement pas fait », regrettait Christian Allex, programmateur, en conférence de presse.
Taux de rebond
Petit par la taille, grand par le line-up et fort en émotions. Le parti-pris douceur et confort est réussi, on se sent à Tinals comme dans son jardin. Mais venir voir des artistes de renommée internationale, au calme, ne semble jamais acquis : la question de la reconduite sur l’année suivante se pose visiblement après chaque fin d’édition. Ça serait quand même con de s’arrêter en si beau chemin.
– Léa Singe et Pierre-Olivier Bobo
Photos : Vincent Arbelet